[gull-org] intervention a Tunis

Grégoire Métral gregoire.metral at cig.unige.ch
Thu Nov 6 11:10:03 CET 2003


Bonjour à tou-te-s,
> Ca n'empêche pas les industriels et politiques suisses d'aller en
> Chine, en Turquie en Tunisie, n'est-ce pas ?
>
> Question: peut-on dire que si une société évolue économiquement, sa
> situation sociale et de droits de l'Homme va également automatiquement
> évoluer ?  En bref: boycotter des pays non démocratiques / violant les
> droits de l'Homme n'est-ce pas en général affaiblir la population plutôt
> que le pouvoir ?

Deux éléments de réflexion:

1. La question du dialogue critique est intéressante, mais ne peut être
envisagée que s'il y a effectivement dialogue... La Suisse (i.e. le
gouvernement) s'y essaye depuis plusieurs années, avec la Chine, la Corée,
la Tunisie et d'autres grandes démocraties. Mais quand nos ambassadeurs
veulent faire une petite remarque concernant les droits de l'homme, ils se
font généralement "moucher" et renvoyer à leurs études. Et ils n'osent guère
aller plus loin, les enjeux économiques étant trop importants. C'est ce
qu'on appelle je suppose la raison d'Etat. Or, le GULL n'est pas un Etat: il
n'a pas ce poids et ne sera au mieux qu'un prétexte ("regardez, même des
entreprises et organisations étrangères soutiennent nos efforts"), au pire
qu'un moucheron qui se fera gentiment remballer. Comment peut-on parler de
dialogue entre une petite association franco-suisse et un Etat rompu à
l'intox et à la langue de bois?

2. Faut-il alors soutenir les populations et les organisations non
gouvernementales? Bien sûr! Mais ce n'est pas en allant sur place serrer la
pince de Monsieur le Ministre qu'on fera avancer le schmilblick. Si au moins
c'était une organisation *libre* qui lançait l'invitation, on pourrait se
poser la question, mais ce n'est pas le cas. Le GULL ne ferait alors
qu'apporter sa caution à l'amélioration de l'image du gouvernement, sans que
le fond du problème change. Ce serait même plutôt une forme de légitimation
du statu quo.

> Je suis cependant favorable à une prise de position, même si le GULL
> est apolitique et que nous devons nous méfier quant aux leçons que
> nous voulons donner aux autres pays, en particulier d'Afrique. Mais
> cette prise de position doit être mesurée, et liée aux buts du
> GULL d'une manière ou d'une autre.
>
> Qu'en pensez-vous ?

D'où la proposition de Dominik, que je trouve sage: décliner simplement
l'invitation. Les prises de positions "politiques" devraient aller dans le
sens de ce que le GULL maîtrise: les politiques publiques en matière de
logiciels libres. Laissons aux ONG qui s'occupent de défense des droits
fondamentaux la compétence des prises de position sur ces questions. Mais
soyons aussi attentifs aux implications que notre participation peut avoir
dans d'autres secteurs: ce n'est pas parce que nous nous occupons de
logiciels libres qu'il ne faut pas avoir les yeux ouverts sur le reste du
monde. Si défendre une position dans notre domaine entraîne des
licenciements ou cautionne un régime dictatorial, il faut y réfléchir à deux
fois...

Grégoire

P.S. Je salue les gentils messieurs des services spéciaux tunisiens. Merci
de bien orthographier mon nom pour vos listes noires...




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