[gull] On en parle... a nouveau
Guyot
linux at cvgg.org
Mon Apr 3 10:52:57 CEST 2006
Le Dimanche, 2 Avril 2006 21.33, Marc Geiser a écrit :
> Mon propos n'est pas uniquement de mettre en lumière des pratiques
> commerciales douteuses, c'est avant tout de montrer que les
> barrières qui actuellement limitent l'utilisation de Linux ne sont
> plus technologiques comme elles pouvaient l'être, il y a quelques
> années.
Entièrement d'accord.
> Il y a d'abord l'ignorance. Qui connaît Linux ? Et parmi ceux qui en
> ont entendu parler, un grand nombre ignorent même que Linux possède
> une interface graphique qui n'a rien à envier à ces concurrents.
Entièrement d'accord.
> Il y a également l'habitude. Un utilisateur de 55 ans qui a déjà dû
> faire l'effort de se mettre à l'informatique ne va pas changer
> d'environnement comme ça. On y pense pas, mais parfois, une simple
> barre d'outils qui n'est pas à sa place et c'est un drame.
Contre exemple, un membre de ma famille, 64 ans, passe sous linux (c'est moi
qui l'ai installé, mais macosx qu'il avait avant était aussi déjà
préinstallé) et tout va bien. L'adaptation s'est faite très rapidement.
> Enfin, il y a le problème de l'enseignement. Aujourd'hui, de manière
> générale, on enseigne pas l'informatique dans les écoles, mais on
> apprend comment utiliser les logiciels Microsoft.
Ce point est très important. J'ai aujourd'hui plus d'élèves qui s'intéressent
à linux, posent des questions et tentent de l'installer que de collègues prof
qui m'en parlent (chacun sait qu'il vaut mieux ne pas en parler). Permettre
aux élèves de comparer les deux OS pourrait bien en convaincre plus d'un.
C'est pourquoi Microsoft veut s'imposer dans l'éducation. Mais il n'est pas
le seul. Former les élèves à utiliser un traitement de texte est une chose,
les encourager à réfléchir sur sur la philosophie des logiciels libres et
plus généralement sur les monopoles du traitement de l'information en est une
autre. Manifestement, certains pouvoirs n'ont aucun intérêt à laisser le
choix. Sous prétexte d'économie d'échelle, la centralisation informatique
correspond à une éviction des enseignants dans leur rôle de critique de
l'information et ... des outils qui la contrôlent. On leur retire la
possibilité de montrer les différences, plus même, on leur interdit de porter
un regard autre que traitement de texte et tableur sur l'informatique qu'ils
doivent utiliser (on est allé jusqu'à déconseiller aux enseignants de
brancher les fils des ordis qu'ils avaient reçu !). En d'autre termes
certains se disent certainement que l'informatique est une chose trop
importante pour la laisser aux enseignants ou ... aux élèves. Et cela fait
des ravages. Certains profs "laissent tomber", cessent leur discussion sur le
sujet, se tournent vers autre chose tout simplement parcequ'ils n'ont plus
l'impression de jouer un rôle dans les choix qui sont faits, parce qu'ils se
disent que de toute façon tout est déjà décidé. Personnellement, je ne fais
plus du tout d'informatique à l'école. Et j'avoue porter un regard amusé sur
certains de mes collègues qui passent deux fois plus de temps à faire avec
l'informatique ce que je fais sans. Car finalement, je pense qu'avant de
parler d'informatisation des écoles, il aurait fallu se demander à quoi elle
peut servir dans l'enseignement. Dans sa fonction traitement de texte -
tableur j'ai beaucoup de doutes et je pense que les domaines ou
l'informatique m'est réellement nécessaire à l'école sont très rares. Pas
inexistant, mais très rares. Jamais aucune discussion à se sujet n'a été
entamée chez les enseignants et comme pour les autorités "il fallait tout
d'abord mettre les machines et réfléchir ensuite à leur utilisation", la
majorité silencieuse de mes collègues qui n'utilisent jamais l'informatique
dans leur enseignement a beau jeu de dire qu'ils ne veulent pas perdre leur
temps.
--
Vincent Guyot
Enseignant (physique)
Lycée Blaise Cendrars
linux at cvgg.org
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