[gull] Internet même sans ISP? Était: Egypte: Couper tout l'accès à Internet?

Laurent Franceschetti laurent at franceschetti.net
Mon Jan 31 21:01:52 CET 2011


Il me semble que cet évènement pose deux questions fondamentales, qui ont
tout à voir avec le logiciel libre et la liberté de l'information:

1. la première est  morale/démocratique: est-ce un crime contre l'humanité
que de stopper net toute les télécommunications au sein d'un pays?
Aujourd'hui, laisser au seul Etat le droit d'utiliser les moyens
électroniques et ne laisser au citoyen que la la voix humaine et le papier
c'est, il me semble, le réduire à la servitude. Combien de blessés ou de
morts parmi les personnes à risque à cause de cette décision (malades,
accidentés, enfants en bas âge, personnes âgées, etc.) ? Il y a quelque
chose de profondément inquiétant dans cette censure totale -- un signal du
franchissement d'un nouveau pas au niveau mondial contre les droits de
l'homme. De plus, si l'Egypte l'a fait, on peut être sûrs que même des
gouvernements démocratiques suivent de très près ce type d'action.

2. la seconde est une piqûre de rappel: combien nos chères liaisons si
confortables avec les ISP et les opérateurs télécoms sont fragiles et
vulnérables ! C'est un appel à revoir les mesures que nous devons prendre
pour protéger nos réseaux personnels et d'entreprise ("business contingency
planning"), face à une coupure totale en cas de désastre. 

Il suffit de suivre l'actualité, pour se rendre compte que des situations où
toute une infastructure est localement hors-service peuvent parfaitement se
produire. 

Mot d'ordre: se débrouiller même avec des opérateurs de télécoms publics
hors-service.

Plus pratiquement, TCP/IP a été conçu pour résister à une attaque nucléaire,
en raison de ses capacités de routage adaptatif. Nous les citoyens possédons
une ressource considérable, sous forme d'une très grand quantité d'appareils
bon marché capables de communiquer entre eux : les routeurs wi-fi. Il est
impossible de perdre, censurer ou brouiller tous ces appareils et ils
peuvent fonctionner dès qu'un générateur électrique est disponible (un
générateur mobile coûte quelques centaines de francs). Des idées sont déjà
nées de "réseaux mutualisés" conçus pour économiser de l'argent(c.f. Fonera)
mais l'idée devrait être poussée plus loin.

Un début de traitement de la question:
http://www.wi-fiplanet.com/columns/article.php/3732736/When-Disaster-Strikes
-Wi-Fi-Responds.htm

On pourrait aller plus loin, afin de pouvoir déployer rapidement des réseaux
wi-fi à "intelligence en essaim" capables de router spontanément les paquets
jusqu'à un récepteur satellite, une ligne dial-up, une ligne terrestre de
l'autre côté de la frontière, une radio amateur, etc. Il me semble qu'il
s'agit là d'une nouvelle frontière à parcourir pour l'Internet et le
logiciel libre.

Imaginons le potentiel d'un réseau wi-fi soudainement composé de dizaines de
cellules personnelles avec routage adaptatif, en cas de désastre (dans ce
cas les cellules GSM sont inutilisables soit parce que HS, soit parce que
surchargées). Un modeste routeur connecté à une bonne antenne placée en
colline peut couvrir aisément un rayon de... 800 mètres à 1km ? Or il me
semble qu'il est relativement facile de se procurer des routeurs capable de
fonctionner en répéteurs.

Ici, ce n'est pas la matière première qui manque, mais une idée simple et
capable de fonctionner en situations difficiles: créer des kits uniquement
avec des appareils ordinaires de supermarché que n'importe quel citoyen peut
acheter (utiliser des logiciels open source sur laptop et/ou re-flasher les
firmware du constructeur?). Peut-être qu'afin d'éviter les surcharges, il
faudrait un protocole qui ne véhicule que des messages d'une longueur
limitée, ou à la rigueur des petites photos jpeg (par exemple 64k au max) --
ce qui est déjà un bon début pour un rapport circonstancié sur les
évènements. Egalement penser qu'il faut que le protocole doit gérer les
interférences et être lui-même résistant à des tentatives de le dérouter, de
le surcharger ou de le spammer.

Une autre raison d'occuper ce terrain est qu'autrement des spécialistes de
la sécurité et de l'armement pourraient vouloir imposer des solutions bien
plus coûteuses... Et créeraient ainsi des nouveaux monopoles profitables sur
le "marché" des catastrophes naturelles.

L'idée fait-elle du sens? Quelqu'un s'intéresserait à expérimenter des
solutions techniques?




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