[gull] Swiss canton Solothurn is migrating 2000 desktops to Debian GNU Linux

JM Nunes Jose-Manuel.Nunes at sophne.net
Sat Mar 1 02:36:15 CET 2008


[long, politique]

...
> Même si on vise une même destination, ne pas partir du même point de  
> départ rend futile tout conseil sur l'itinéraire à prendre...
Étant d'origine portugaise je ne peux pas laisser passer ça. Vasco da
Gama est bien arrivé en Inde (et Colomb en Amérique) sur les conseils de
ceux qui n'y avait jamais mis les pieds. Et que dire de Neil Armstrong?
On peut toujours apprendre quelque chose, pour autant qu'on en ait
envie.

Est il est vrai que le rôle du LL dans le contexte de nos
administrations (touts niveaux confondus, communes, cantons et confed)
relève la schizophrénie, ou alors c'est une preuve de la puissance des
lobbies en Suisse.

...
> Non, l'argument de l'économie sur l'achat de logiciels propriétaires  
> ne tient pas la route avant un long terme: en ce qui concerne la  
...
Cet argument, qui prends force depuis 1 ou 2 ans, ne tient pas la route.
Il s'entend dans la bouche des nouveaux cadres des administrations
publiques formés dans la nouvelle administration publique (j'oublie le
nom français, en anglais la bête s'appelle New Public Management, NPM).
Risquant la caricature, pour faire bref: on prétend que l'état est comme
les sociétés privées, il fournit des prestations aux clients (plus de
citoyens). Or une société privée peut faire faillite (et certaines
doivent même le faire, selon la théorie économique, pour que le marché
fonctionne bien), mais l'état ne peut pas faire faillite. Les
différences ne s'arrêtent pas là, l'état peut partager même les biens
matériels sans s'appauvrir ou même en s'enrichissant (routes, eaux,
égouts, aéroports, ...). Une société privée ne le peut pas, elle tire
son benefice de l'utilisation monopolistique ce qu'elle a et que les
autres n'ont pas (le boulanger qui met son pain à la libre disposition
de la concurrence ne tarde pas à faire faillite). 

Cet argument du long term est issu des milieux de l'économie privé. Dans
le cadre des administrations publiques dès le moyen terme (2-3 ans) le
LL est toujours une meilleur solution, même du seul point de vue
économique. Regardons l'actualité pour voir qu'il en est ainsi.
1. Genève, dans le cadre d'un projet informatique (hospice) il y a eu
entre 1 et 2 millions de francs de perdus. Si le code était libre ...
2. Tout récemment les genevois viennent d'apprendre qu'un autre projet
informatique de 4 millions vient d'être abandonné (gestion d'amendes).
Tout est perdu. Si le code était libre ...
3. Pour remplacer ce même projet les genevois vont maintenant faire un
autre projet en s'inspirant de leurs voisins. Combien de temps? Et
d'argent? Si le code était libre ...
4. Il y a des groupe de coordination à divers niveaux de
l'administration suisse pour la coordination en informatique, mais pas
de partage de logiciels, les nouveaux projets se font encore un canton
contre un autre. Si le code était libre ...
5. e-ch, coût. 20 millions? 100 millions? Par contre pour le résultat
pas de doute: zéro. Si le code était libre ...

Avec ces 5 notes on peut conclure l'argumentation. La faillite des
sociétés correspond (pour simplifier) aux projets non aboutis dans le
secteur publique. Mais, si la faillite et l'élimination permettent
l'apparition du nouveau de meilleur qualité dans le domaine de
l'économie du secteur privée, il n'est pas de même pour les
administrations. Le responsable informatique qui a fait les mauvais
choix continuera en place, et pourra continuer de faire d'autres mauvais
choix.  Un enseignant qui enseigne mal (par exemple que 1 est un nombre
premier, ou que Pluton est une planète, ...) continue d'enseigner et
n'est pas éliminé. On pourrait discuter ici d'efficacité (et la vie
n'est pas efficace) mais se serait trop s'écarter du but. Le point est
que les administrations publiques sont essentiellement différentes des
sociétés privées. Or les cadres du NPM (les haut cadres) persistent de
nous vouloir faire croire le contraire. Par reaganisme anachronique? Par
néo-libéralisme inné? Ou simplement pour pouvoir justifier l'existence
de bonus et de salaires au mérité (en attendant que les états lancent
eux aussi des stock options)?
La question est politique et sociale. Pas question de gauche ou de
droite, mais aussi question de morale. Et si la réponse ne dépend pas
des LLs, les LLs dépendent des intérêts véritables des fonctionnaires
publiques. Or le LL est économique, le LL est écologique, le LL est
recyclable, le LL à une durée de vie énorme. Le LL est aux autres
logiciels comme les ampoules A++ sont aux lampes à pétrole.

Mais revenons ici et à la Suisse d'aujourd'hui. Le LL permet de réduire
de façon considérable le gaspillage total auquel conduit le code
propriétaire. La possibilité de renouveau qu'offre l'économie du secteur
privé par intermédiaire des faillites (Swissair qui devient Swiss -même
si c'est allemande) n'existe pas pour une administration (ou alors c'est
là le salut pour le projet de fusion Vaud-Genève ;-) ). En sérieux,
imagine-t-on Vaud devenir Bo (suite a une faillite, avec rachat par un
magnat russe ;-) )?

En faisant une extrapolation des 5 millions de francs perdus à Genève au
seul niveau cantonal, on arrive à avancer une perte (annuelle?) d'au
moins 250 millions de francs au niveau de la Suisse, et ceci en comptant
seulement les pertes rendues publiques. Le facteur de 50 vient de
considérer les informatiques conjointes de la confédération, des 26
cantons et demis-cantons, et les quelques 3000 communes (la seule
administration du canton de Genève ne représentera pas plus de 2% de ce
total).

Pour un seul canton, Genève ou Vaud, ou Soleure, le LL peut être plus
cher que le LP lors de son déploiement.  Pour l'ensemble des
administrations suisses non, même à moyen terme (2-3 ans). Les adaptions
cantonales et communales nécessaires sont sûrement plusieurs ordres de
grandeur moins chères que le développement "de nuovo". On dira que
développer du logiciel ce n'est pas migrer. Encore une fois le nombre
change tout. Qu'on me dise que les coûts pour Vaud d'une conversion au
LL sont supérieurs au maintient du système propriétaire, je peux
l'accepter (même ne connaissant pas les détails de la comparaison). Mais
si tous les cantons se mettent au LL tout change de figure. Même sans
connaître l'éventuelle étude en question, je parie qu'une législature,
si les cantons de Genève et Vaud font en commun la migration vers les
LLs, permettra à tous deux d'économiser de l'argent et créer des emplois
locaux. Si j'ai tort ça doit être simple de sortir les chiffres qui
démontreront mon erreur. Et une législature c'est 4 ans, 4 ans
seulement.

Nous venons donc de voir que l'économie ne s'oppose pas à l'usage des
LLs dans l'administration. Mais l'usage de LL ne se justifie pas surtout
parce qu'il n'est pas plus cher que le LP. Si c'était ainsi on n'aurait
pas d'écoles ni même d'état: ça coûte beaucoup et ne rapporte rien dans
les délais courts qu'on utilise souvent pour évaluer les retombées d'une
action. Comme l'éducation, le LL est un investissement, il rapporte, et
beaucoup, mais dans l'avenir. Et on ne peut même plus prétendre qu'il
est cher. Comme le dit si bien un chercheur français:
  * J'utilise les logiciels libres car ce sont les meilleurs.
      * J'utilise les logiciels libres car ils comportent moins
        d'erreurs.
      * J'utilise les logiciels libres car, étant gratuits, ils sont
        moins chers que les autres.

L'appel est là: Neuchâtel, Vaud, Genève, la fusion (des projets
informatiques vers le logiciel libre): libérons l'arc lémanique.
( :-) Genève vient de voter à 80% pour des espaces publiques libres de
fumée: à quand des administrations publiques libres de LPs :-) )

...

> Le simple fait de changer (ou pas) le moniteur d'un collaborateur  
> offre la possibilité de mener une réflexion sur la communication entre  
> les gens de l'informatique et les utilisateurs ;-)
Il y a là quelque chose de profond, voire d'essentiel. Et si l'obstacle
majeur aux LLs était le manque de communication entre les informaticiens
libres et le public? 

Je m'étonne toujours de que pour chaque scientifique, ou technicien, qui
écrit dans nos journaux il y ait une centaine d'avocats, économistes,
politologues et autres experts qui écrivent sans fatigue sur ce qu'ils
savent et surtout sur ce qu'ils ne savent pas. À qui la faute?




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