[gull] Déclaration de Berne

Laurent Franceschetti laurent at franceschetti.net
Wed Feb 24 22:46:48 CET 2016


> Le 24 févr. 2016 à 21:52, Dominik Madon <dominik at acm.org> a écrit :
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> Je crois que le refus de prendre du LL n’est pas en premier lieu un problème de coût, de difficulté technique, d'assistance disponible ou de principe politique. Le gros problème c’est le gars entre la chaise et le clavier qui râle parce que le bouton qui était vert hier a changé de couleur (upgrade) et qu’on l’a légèrement déplacé de 10 mm à droite. Le changement c’est mal: "J’ai un Mac chez moi, je ne comprends pas pourquoi ces tarés de l’IT nous fourguent leurs PCs au boulot". C’est ça que l’on entend en ce moment dans les départements IT à longueur de journée et le LL n’a pas la cote dans l’esprit des DSI par ce qu’il implique un changement pénible (subjectivement et parfois même objectivement) des personnes qui emploient un ordinateur. La mise en place d’une application métier c’est galère et un risque. Le changement d’un outil ou d’un OS transversal c’est une grosse galère et un gros risque. On peut ensuite rationaliser tout ce qu’on veut en matière d’argument audible.

C’est dans le mille.


> 
> Je ne défends bien entendu pas le statu quo mais je pense que l’on minimise la pression de l’immobilisme sur les choix techniques. Ce n’est pas une question de LL. Prenez DB: Qui croit vraiment qu’ils seraient plus aptes à passer sur un autre traitement de texte non libre ? Il n’y a rien de pire que de lutter contre l’habitude. Qui n’a pas entendu dans le cadre professionnel cette pathétique réponse quant au pourquoi d’une façon de faire que l’on trouve inutile/lourde/compliquée (rayez la mention inutile): "Parce qu’on l’a toujours fait comme ça » ?

Oui aussi.

> 
> Changer c’est dur. Même en sachant qu’il faut changer et que toutes les raisons sont bonnes pour changer, c’est quand même dur. Aujourd’hui, l’inertie est l’ennemi du LL. Mais pas demain ! Si le LL prend le large, le retour en arrière sera difficile :-P
> 
> Je ne donne pas de solution, mais je vous jure que j’en cherche.
> 

Il y a deux 10 catégories de gens, ceux qui comprennent le binaire et ceux qui ne comprennent pas…
Dit autrement, il y a ceux qui savent *décider* où ils veulent mener leur barque et ceux qui ne savent pas.


Pour ceux là, Mère Nature se chargera de les diriger. C’est une question darwinienne.

Je vais essayer de résumer mon idée:

La situation du LL a profondément changé depuis 15 ans. À l’époque, on pensait que Microsoft et Oracle étaient la branche principale de l’arbre de la vie (informatique) et que ceux qui n’embrassaient pas ce mouvement étaient des doux rêveurs. Il fallait se battre pour le libre pour éviter l’exinction.

Si on y regarde de plus près, la philosophie Microsoft d’il y a 10 ans était une utopie (ou une vision à court terme). Windows était une branche qui divergeait de l’arbre généalogique principal du logiciel. Le tronc de l'arbre principal c'était Unix, c’est Internet — c’est l’arbre de l’époque des mini des années 1970. 

NT quant à lui héritait de VMS de DEC (bon système par ailleurs), mais VMS était une branche latérale. VMS est mort, DEC n’existe plus. Je n’ai pas de boule de cristal, mais si on suit la logique, Windows n’a pas de grand avenir; Microsoft sera peut-être rachetée par quelqu’un et ensuite elle ne sera plus qu’un souvenir (de la même façon qu’elle a acheté Nokia).

Le micro-ordinateur avec Microsoft était une branche parallèle — il fallait les BASIC,DOS parce qu’il n’y avait pas la puissance qu’il fallait; avec la montée en puissance des processeurs et de Linux et BSD, il s’est refondu dans l’arbre principal. Maintenant on rajoute l’informatique mobile: *nix. L’informatique embarquée: *nix. Les « single-board computers » : Linux.

Apple a compris ça il y a plus d’une décennie. Microsoft n’a pas compris: tant pis pour eux. Je lisais aujourd’hui que les bases de données libres talonnent Oracle. C’est pot de terre contre pot de fer, leur bataille est perdue à long terme.

Donc à la limite peu importe que DB prenne ou pas du libre aujourd’hui, ils en mangeront dans quelques années. Le gagnant n’est pas le libre, mais *NIX, soit en open source, soit en propriétaire à bon marché. Le business model de l’informatique corporate va suivre la route des éditeurs papiers — continuent à avoir une clientèle, mais elle condamnée à s’étioler.

Cela ne veut pas dire que tout est pour le mieux. Les enjeux sont en fait plus graves — Big Brother.











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