[gull] Déclaration de Berne

Laurent Franceschetti laurent at franceschetti.net
Wed Feb 24 23:12:13 CET 2016


Je poursuis mon idée: est-ce qu’avec cette question du libre versus Microsoft, est-ce que nous ne regardons pas le petit bout de la lorgnette?

L'enjeu aujourd’hui n’est pas la chronique d’une victoire annoncée de *NIX sur Microsoft, mais le fait que sommes en train de perdre nos rêves de liberté. Il y a 15 ans, on croyait encore au libertarisme d’Internet. On pensait qu’on la liberté c’était bien. Aujourd’hui quelqu’un ou quelque chose de « libre »  est forcément quelqu’un de mal intentionné et de suspect pour l’Etat.

Vous vous souvenez de « The hacker ethic » de Pekka Himanen de 2001? Aujourd’hui cet idéal libertaire d’Internet est en déroute. La défaite est sur tous les fronts. Internet est devenu au contraire un monde de 1984 encore pire que celui d’Orwell, où Big Brother sait bien mieux que dans le livre que si vous avez fait votre gymnastique du matin ou pas. Les associations de libertés civiles en sont réduites à se défendre contre des accusations de favoriser le terrorisme. Au rythme où on va, les informaticiens pourraient devoir demander un permis de port d’arme avant d’être autorisés à programmer... Le problème n’est pas Microsoft, mais la résurgence des Etats autoritaires des années 1930, avec le repli sur soi et l’humanité à plusieurs vitesses. Ce n’est pas du totalitarisme, mais quelque chose comme du « cyber-autoritarisme ».

Ca c’est la vraie menace sur le logiciel libre.

Le vrai enjeu, ce serait de rescuciter ce rêve de liberté. Ca demande un profond examen de conscience de toute la communauté informatique — libre ou propriétaire, peu importe. De comprendre où le rêve d’Internet a déraillé et pourquoi. Comment ça se fait que cette magnifique technologie a débouché sur un monde où c’est l’Etat qui sait tout sur tous et où le citoyen sait tout sauf ce qu’il devrait savoir — un monde ou ce sont les autoritaristes qui gagnent pratiquement toutes les manches depuis 15 ans. On dirait que les autoritaristes ont exploité tous les défauts de fabrication de l'Internet, ils ont retourné la situation en leur faveur. Quelles erreurs ont été commises? — et ce qui pourrait être fait au niveau de la plomberie de l’Internet pour que ça se répare?

Par exemple, n’est-ce pas incroyable que nous n’ayons même pas une infrastructure de messagerie sécurisée?


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>> Changer c’est dur. Même en sachant qu’il faut changer et que toutes les raisons sont bonnes pour changer, c’est quand même dur. Aujourd’hui, l’inertie est l’ennemi du LL. Mais pas demain ! Si le LL prend le large, le retour en arrière sera difficile :-P
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>> Je ne donne pas de solution, mais je vous jure que j’en cherche.
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> Il y a deux 10 catégories de gens, ceux qui comprennent le binaire et ceux qui ne comprennent pas…
> Dit autrement, il y a ceux qui savent *décider* où ils veulent mener leur barque et ceux qui ne savent pas.
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> Pour ceux là, Mère Nature se chargera de les diriger. C’est une question darwinienne.
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> Je vais essayer de résumer mon idée:
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> La situation du LL a profondément changé depuis 15 ans. À l’époque, on pensait que Microsoft et Oracle étaient la branche principale de l’arbre de la vie (informatique) et que ceux qui n’embrassaient pas ce mouvement étaient des doux rêveurs. Il fallait se battre pour le libre pour éviter l’exinction.
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> Si on y regarde de plus près, la philosophie Microsoft d’il y a 10 ans était une utopie (ou une vision à court terme). Windows était une branche qui divergeait de l’arbre généalogique principal du logiciel. Le tronc de l'arbre principal c'était Unix, c’est Internet — c’est l’arbre de l’époque des mini des années 1970. 
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> NT quant à lui héritait de VMS de DEC (bon système par ailleurs), mais VMS était une branche latérale. VMS est mort, DEC n’existe plus. Je n’ai pas de boule de cristal, mais si on suit la logique, Windows n’a pas de grand avenir; Microsoft sera peut-être rachetée par quelqu’un et ensuite elle ne sera plus qu’un souvenir (de la même façon qu’elle a acheté Nokia).
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> Le micro-ordinateur avec Microsoft était une branche parallèle — il fallait les BASIC,DOS parce qu’il n’y avait pas la puissance qu’il fallait; avec la montée en puissance des processeurs et de Linux et BSD, il s’est refondu dans l’arbre principal. Maintenant on rajoute l’informatique mobile: *nix. L’informatique embarquée: *nix. Les « single-board computers » : Linux.
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> Apple a compris ça il y a plus d’une décennie. Microsoft n’a pas compris: tant pis pour eux. Je lisais aujourd’hui que les bases de données libres talonnent Oracle. C’est pot de terre contre pot de fer, leur bataille est perdue à long terme.
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> Donc à la limite peu importe que DB prenne ou pas du libre aujourd’hui, ils en mangeront dans quelques années. Le gagnant n’est pas le libre, mais *NIX, soit en open source, soit en propriétaire à bon marché. Le business model de l’informatique corporate va suivre la route des éditeurs papiers — continuent à avoir une clientèle, mais elle condamnée à s’étioler.
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> Cela ne veut pas dire que tout est pour le mieux. Les enjeux sont en fait plus graves — Big Brother.
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