[gull] Open Source et marques

Laurent Franceschetti laurent at franceschetti.net
Mon Jul 14 20:11:59 CEST 2008


 
Léo a écrit:
> Un problème qu'a l'open source et le free software en général 
> c'est que le public voit les projets quand ils sont encore au 
> stade initial du développement (ça fait partie de la démarche LL).
> Donc tous les LL sont immédiatement perçus par les gens comme 
> des logiciels incomplets et bogués et que seulement les geeks 
> peuvent utiliser.
> Quand le logiciel atteint ça maturation la plupart de gens se 
> sont déjà fait une opinion qui risque fort d'être négative. 
> Les seuls qui vont avoir encore une opinion positive ce sera 
> ceux qui auront compris le potentiel de l'application et qui 
> l'auront utilisé même incomplète mais sachant qu'elle aurait 
> finalement atteint les étages les plus haut si on lui 
> laissait le temps (donc un petit pourcentage de la population 
> informatique).

C'est vrai. Est-ce donc que c'est parce qu'un certain nombre de projets ne
tiennent pas assez compte qu'ils ont *plusieurs* publics? Microsoft en est
extrêmement conscient: elle a ses partenaires, ses beta-testeurs, ses
revendeurs, ses contacts politiques, etc. auxquels elle donne des infos
préliminaires. Ensuite seulement elle met la grosse artillerie pour informer
le public.

Un projet Open Source a potentiellement au moins 8 publics qui ont des
besoins très différents (et j'en oublie peut-être!):
1. les geeks (qui le font et l'entretiennent)
2. les sympathisants qui gravitent autour, ceux qui le soutiennent par
conviction, ou encore l'"échantillon pilote" des utilisateurs
3. les sponsors industriels, tels que IBM, Google, etc. qui ont un intérêt
économique à le financer et à le promouvoir
4. les utilisateurs privés: familles, parents, grand-parents, jeunes,
enfants, etc.
5. les micro-entreprises et les gens qui travaillent à la maison (1 à 5
machines)
6. les entreprises qui ont des réseaux internes
7. les écoles et les organisations non-profit
8. les gouvernements et les administrations publiques

A mon avis ce n'est pas un problème que le code et l'exécutuable d'un LL
soient publiés au départ, à condition de ne pas faire l'erreur de lui donner
une publicité au-delà des sympathisants et des sponsors.

En ce qui concerne les autres catégories, ce serait une erreur fatale de
faire de la pub, car il ne faudrait jamais mettre un produit incomplet entre
les mains d'un utilisateur final.


> Pour faire un exemple, moi même je n'ai pas une très bonne 
> opinion de wine car ça fait maintenant 10ans que ça existe et 
> que jusqu'à aujourd'hui il a toujours été en phase beta. Donc 
> je n'ai jamais vu une version marchant à 100% (surtout il y a 
> quelques années) et encore aujourd'hui si je dois utiliser un 
> produit pour Windows je ne considère même pas la possibilité 
> d'utiliser wine pour le faire marcher sous Linux, j'utilise 
> Windows XP dans une machine virtuelle (wine je ne l'utilise 
> plus depuis au moins 5 ans pour cette raison, je ne sais même 
> plus à quel niveau ils sont arrivés, simplement pour moi 
> c'est un projet qui est hors de ma considération).
> La "marque" wine pour moi n'est pas sinonime de quelque chose 
> de bien fait et de stable mais de quelque chose de très 
> instable qui ne marche pas la plupart des fois.
> Malgré ça je suis conscient du travail qui a été nécessaire à 
> l'équipe pour le faire marcher, mais malheureusement ils ont 
> pris trop de temps pour sortir une version qui (maintenant 
> peut-être) marche.
> 

> Et si un informaticien (qui connaît un peu les ficelles) qui 
> aime le LL par dessus tout se laisse avoir, imaginons le 
> grand public qui veut simplement télécharger un logiciel et 
> l'utiliser sans soucis.
> C'est très difficile de créer des marques de LL qui soient 
> bien perçues.

Peut-être qu'il n'aurait donc pas fallu faire de la pub large sur Wine s'il
n'était pas prêt. N'est-ce pas ce qu'on reproche constamment aux éditeurs de
logiciel propriétaire? 

> Firefox en est un exemple positif, mais la aussi il s'agit 
> d'une grosse équipe qui a sorti une version du navigateur qui 
> était dès le départ assez stable et utilisable (vu qu'ils 
> avaient la solide base de Mozilla derrière eux).
> 

Absolument d'accord.
La morale que je retirerais de l'échec de Vista et de Wine d'un côté (pour
Wine espérons que ce soit provisoire), et du succès de Firefox de l'autre,
est qu'il faut distinguer entre "condition nécessaire" et "condition
suffisante" pour avoir le succès auprès du grand public.

1. Avoir un bon produit qui réponde à une demande, et surtout un produit
*fini* est une condition nécessaire. Si le produit n'est pas fini ou est
déficient, c'est perdu d'avance. 
2. Mais comme ce n'est pas suffisant, il faut bâtir une marque avec ce
produit, qui le rende aisément reconnaissable, et lui faire une promotion
d'enfer... 

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais au fond ça me rend optimiste.

A+

Laurent







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