[gull] Open Source et marques

Claude Paroz claude at 2xlibre.net
Mon Jul 14 21:18:22 CEST 2008


Le lundi 14 juillet 2008 à 20:11 +0200, Laurent Franceschetti a écrit :
> Léo a écrit:
> > Un problème qu'a l'open source et le free software en général 
> > c'est que le public voit les projets quand ils sont encore au 
> > stade initial du développement (ça fait partie de la démarche LL).
> > Donc tous les LL sont immédiatement perçus par les gens comme 
> > des logiciels incomplets et bogués et que seulement les geeks 
> > peuvent utiliser.
> > Quand le logiciel atteint ça maturation la plupart de gens se 
> > sont déjà fait une opinion qui risque fort d'être négative. 
> > Les seuls qui vont avoir encore une opinion positive ce sera 
> > ceux qui auront compris le potentiel de l'application et qui 
> > l'auront utilisé même incomplète mais sachant qu'elle aurait 
> > finalement atteint les étages les plus haut si on lui 
> > laissait le temps (donc un petit pourcentage de la population 
> > informatique).
> 
> C'est vrai. Est-ce donc que c'est parce qu'un certain nombre de projets ne
> tiennent pas assez compte qu'ils ont *plusieurs* publics? Microsoft en est
> extrêmement conscient: elle a ses partenaires, ses beta-testeurs, ses
> revendeurs, ses contacts politiques, etc. auxquels elle donne des infos
> préliminaires. Ensuite seulement elle met la grosse artillerie pour informer
> le public.
> 
> Un projet Open Source a potentiellement au moins 8 publics qui ont des
> besoins très différents (et j'en oublie peut-être!):
> 1. les geeks (qui le font et l'entretiennent)
> 2. les sympathisants qui gravitent autour, ceux qui le soutiennent par
> conviction, ou encore l'"échantillon pilote" des utilisateurs
> 3. les sponsors industriels, tels que IBM, Google, etc. qui ont un intérêt
> économique à le financer et à le promouvoir
> 4. les utilisateurs privés: familles, parents, grand-parents, jeunes,
> enfants, etc.
> 5. les micro-entreprises et les gens qui travaillent à la maison (1 à 5
> machines)
> 6. les entreprises qui ont des réseaux internes
> 7. les écoles et les organisations non-profit
> 8. les gouvernements et les administrations publiques
> 
> A mon avis ce n'est pas un problème que le code et l'exécutuable d'un LL
> soient publiés au départ, à condition de ne pas faire l'erreur de lui donner
> une publicité au-delà des sympathisants et des sponsors.
> 
> En ce qui concerne les autres catégories, ce serait une erreur fatale de
> faire de la pub, car il ne faudrait jamais mettre un produit incomplet entre
> les mains d'un utilisateur final.

En fait, je pense que vous essayez de comparer des pommes et des prunes.
La logique du logiciel libre est complètement différente de celle du
logiciel propriétaire.
Le logiciel propriétaire se doit de soigner son image afin de gagner un
public pour devenir économiquement profitable. Le logiciel libre n'a pas
ces contraintes. Au contraire, il se doit de se faire connaître le plus
tôt possible dans son cycle de développement («release early, release
often»), alors qu'il n'est pas encore mature, afin de bénéficier du plus
grand nombre de contributeurs possible. À ce stade, ce n'est pas la
stabilité du logiciel qui compte, c'est son objectif et sa plus-value
espérée.

Cette philosophie a effectivement perturbé plus d'un habitué des
logiciels propriétaires qui, en faisant ses «emplettes» dans le monde
des LL, rencontre des logiciels de qualité inégale. Et bien il faut le
savoir, c'est tout à fait normal. Cela fait partie du cycle de vie des
logiciels libres. D'ailleurs, la plupart des logiciels libres exposent
leur degré de stabilité, que ce soit dans les FAQ, README ou par leur
numéro de version. Quand on le sait, on peut en tenir compte et
sélectionner les logiciels en conséquence.
Par exemple, certains logiciels m'intéressent, mais sachant qu'ils ne
sont pas encore stables, je suis de loin leur développement, et je les
utiliserai au moment où ils seront devenus stables. Ou mieux, si j'ai du
temps à consacrer, j'installe la version instable et je participe à son
développement en signalant les problèmes rencontrés, pour contribuer à
l'avancement du logiciel.

Donc plutôt que devoir changer ce processus, il faut plutôt former et
informer les utilisateurs. Et pour ceux qui ne veulent pas comprendre,
ils sont bien sûr libres de préférer les logiciels propriétaires :-)

La logique est un peu différente au niveau des distributions, en tout
cas de celles qui visent la viabilité économique (Ubuntu, Mandriva,
etc.). Il y a là une marque à défendre, et c'est alors le distributeur
qui va faire le tri de ce qui est suffisamment stable pour être mis
entre les mains de l'utilisateur lambda.
Donc celui qui ne souhaite pas faire lui-même le travail d'analyse de la
qualité des logiciels peut se fier à sa distribution préférée et
installer les logiciels que celle-ci lui propose.

Cordialement.

Claude Paroz
-- 
www.2xlibre.net




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