[gull] Open Source et marques

Laurent Franceschetti laurent at franceschetti.net
Tue Jul 15 00:03:05 CEST 2008


Claude a écrit:

> En fait, je pense que vous essayez de comparer des pommes et 
> des prunes.
> La logique du logiciel libre est complètement différente de 
> celle du logiciel propriétaire.

Je suis d'accord avec toi: la motivation est différente.

> Le logiciel propriétaire se doit de soigner son image afin de 
> gagner un public pour devenir économiquement profitable. Le 
> logiciel libre n'a pas ces contraintes. Au contraire, il se 
> doit de se faire connaître le plus tôt possible dans son 
> cycle de développement («release early, release often»), 
> alors qu'il n'est pas encore mature, afin de bénéficier du 
> plus grand nombre de contributeurs possible. À ce stade, ce 
> n'est pas la stabilité du logiciel qui compte, c'est son 
> objectif et sa plus-value espérée.

Il me semble que les deux ne sont pas contradictoires, mais sont la suite
l'un de l'autre?

La communauté du LL n'étant pas le "grand public", on peut (on doit) donner
à un logiciel le cycle de développement que tu dis. Mais une fois qu'on
atteint le grand public avec la version 1.0, on peut soigner la marque et
faire une bonne promotion.

> 
> Cette philosophie a effectivement perturbé plus d'un habitué 
> des logiciels propriétaires qui, en faisant ses «emplettes» 
> dans le monde des LL, rencontre des logiciels de qualité 
> inégale. Et bien il faut le savoir, c'est tout à fait normal. 
> Cela fait partie du cycle de vie des logiciels libres. 
> D'ailleurs, la plupart des logiciels libres exposent leur 
> degré de stabilité, que ce soit dans les FAQ, README ou par 
> leur numéro de version. Quand on le sait, on peut en tenir 
> compte et sélectionner les logiciels en conséquence.
> Par exemple, certains logiciels m'intéressent, mais sachant 
> qu'ils ne sont pas encore stables, je suis de loin leur 
> développement, et je les utiliserai au moment où ils seront 
> devenus stables. Ou mieux, si j'ai du temps à consacrer, 
> j'installe la version instable et je participe à son 
> développement en signalant les problèmes rencontrés, pour 
> contribuer à l'avancement du logiciel.

Oui, c'est ma façon de procéder également et j'apprécie franchement. Mais
reconnaissons que ceux qui participons à cette liste ne sommes pas le "grand
public". Nous appartenons à ce cercle (hélas trop) restreint formé de geeks,
de gens qui font ça par travail ou de sympathisants (ou les 3 en même
temps), mais quoi qu'il en soit des gens qui ont eu le privilège d'accéder à
cette connaissance.

> 
> Donc plutôt que devoir changer ce processus, il faut plutôt 
> former et informer les utilisateurs. Et pour ceux qui ne 
> veulent pas comprendre, ils sont bien sûr libres de préférer 
> les logiciels propriétaires :-)

Même de choisir un logiciel propriétaire :-)

Oui le processus est bon. Mais je crois aussi que le LL est aussi une
occasion de défendre les libertés du citoyen. Au fond, il n'y a pas vraiment
beaucoup de monde, aux côtés de la communauté Open Source, pour défendre les
citoyens contre ceux qui voudraient une informatique "big brother":
monopole, surveillance, fichage préventif des citoyens (voir le nouveau
système français EDVIGE), DRM, etc. Dans cette perspective là, je peux
comprendre la démarche qui consiste à prendre le bâton de pèlerin et aller
parler au citoyen lambda de nos meilleurs produits.

Mais voilà, ce citoyen lambda ne pense pas comme nous. Nous ne pourrons
peut-être pas le convertir à nos valeurs, parce qu'il a peut-être d'autres
soucis en tête. Il ne comprendra peut-être même pas pourquoi quelqu'un a
fait tout ça pour lui ou il ne le considèrera pas à sa juste valeur. Mais si
au moins nous lui avons apporté même une petite parcelle de liberté sous
forme d'un logiciel libre qu'il peut mieux contrôler, alors on aura fait un
petit peu avancer la cause des libertés.

Ca peut vous paraître un peu idéaliste, mais que diable si on ne croit en
rien, ça sert à quoi ce qu'on fait :-)
 
> La logique est un peu différente au niveau des distributions, 
> en tout cas de celles qui visent la viabilité économique 
> (Ubuntu, Mandriva, etc.). Il y a là une marque à défendre, et 
> c'est alors le distributeur qui va faire le tri de ce qui est 
> suffisamment stable pour être mis entre les mains de 
> l'utilisateur lambda.
> Donc celui qui ne souhaite pas faire lui-même le travail 
> d'analyse de la qualité des logiciels peut se fier à sa 
> distribution préférée et installer les logiciels que celle-ci 
> lui propose.
> 

Tout à fait d'accord.

Mais alors nous devons admettre que nous vivons dans deux mondes différents:
le nôtre, et celui du grand public. On devrait élargir le nôtre et le rendre
plus accessible, mais malgré tout cela restera quand même toujours "un monde
à part"?

Il me semble donc que l'approche d'Ubuntu et Firefox est différente: plutôt
que de changer les gens en les "évangélisant" d'abord, de les prendre commes
ils sont... Ou dit autrement: 

1. L'utilisateur trouve un logiciel chouette et il l'installe.
2. Ensuite, on lui explique que c'est Open Source. 

L'idée étant qu'il est plus facile de discuter d'Open Source avec quelqu'un
qui a déjà Firefox ou Ubuntu, que IE ou Windows XP! Bref, au lieu de prêcher
des incroyants pour les convertir, de prêcher des gens *déjà* convertis!
Pour ça, il faut prendre des créations de "notre" monde, et de les
"packager" pour les envoyer dans "leur monde". D'où le fait que nous sommes
forcés de comparer les pommes et les prunes, puisque nous devons atteindre
les gens dans leur réalité quotidienne, qui est encore le monde
propriétaire.

Donc d'accord avec toi, ne pas changer ce que le monde du LL fait (et très
bien), mais faire quelque chose en plus?

>Cordialement.

>Claude Paroz

A toi,
Laurent




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