[gull] GPL V3 -> SSPL

Laurent Franceschetti laurent at franceschetti.net
Fri Oct 19 10:15:00 CEST 2018


Oui, très bonne remarque: il y a un enjeu bien plus vaste.

La question est de savoir quel est notre rôle à nous, les informaticiens, dans la société. Ma vision est peut-être un peu crue, mais pour le moment, la majeure partie d’entre nous sont considérés comme des paysans de l’Ancien Régime. Travaillant la plupart du temps pour des patrons qui font autre chose, parce que les moyens manquent pour gagner sa vie. L’informatique est le blé du 21è siècle, elle fait vivre la société, mais dans l’ensemble, elle enrichit les mauvaises personnes et surtout pas les informaticiens. 

Le niveau de vie confortable en Suisse, ainsi que les « paysans enrichis », comme les patrons et les employés de Google, nous font oublier que — et c’est profondément ancré dans les mentalités — l’informaticien est un subordonné.

Dans une certaine mesure, c’est une servitude admise: ceux qui s’intéressent à la technique (et j’en fait partie) ont pour rêve de vivre dans un laboratoire avec des moyens illimités. Mais le problème est que la seule façon, quand on ne veut pas s’intéresser à l’argent, d’avoir des moyens, est de « se vendre » à ceux qui donnent de l’argent. Il n’y a rien de mal à être employé, mais ce qui est mal, de s’interdire à soi-même le droit de vivre de son travail et d’être libre.

La GPL3 dit en substance: "ceux qui veulent s’émanciper de la dépendance économique en gagnant leur vie ne sont plus des nôtres ». Celui qui veut gagner de l’argent est discriminé, mis de côté. Celui qui veut gagner de l’argent, c’est « l’autre », le « vilain », le « méchant ». Jamais nous, quand nous voulons payer notre vie, nous et notre famille. 

Je ne peux pas être d’accord de souscrire à une idéologie qui discrimine les informaticiens qui veulent se sortir de l’ornière, et les condamne à rester des sous-fifres. L’exemple de l’impôt pour celui qui veut se faire de la publicité en mettant une annonce sur sa voiture, est typique des entraves à la petite entreprise. Pour ceux qui veulent se mettre à leur compte, c’est le parcours du combattant.

On peut s’étonner que les partis collectivistes haissent tellement les petites entreprises; mais il ne faudrait pas, parce que ces mêmes partis vivent des impôts payés par les grandes boîtes. Et les deux ont intérêt à stopper l’entreprise privée — pour défendre le statu quo: d’un côté les grands patrons, de l’autre les « petits » employés ». C’est pour ça qu’ils nous vendent cette drogue de « faire des affaires c’est mal »: pour qu’on continue à être des employés et qu’on ne fasse pas concurrence aux grandes boîtes. 

Peu importe les motivations, ou la sincérité, la GPL3 c’est pareil. Je la verrais plutôt comme un opium des informaticiens, qui les empêche de réaliser leur potentiel.

Notez qu’à aucun moment je dis qu’une startup devrait toujours construire un modèle d’affaire basé sur la vente de licences, parce qu’on voit l’intérêt du code libre. Mais que diable, des fois la licence c’est ce qu’il faut faire! Et il ne faut pas avoir honte, et il ne faut pas discriminer ceux qui veulent le faire en leur interdisant — sans motif valable — le droit d’utiliser le bien public. Au nom de l’émancipation des informaticiens.





> Le 18 oct. 2018 à 20:53, Daniel Cordey <dc at pxcluster.com> a écrit :
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> On 18.10.18 19:56, Laurent Franceschetti wrote:
>> La GPL3 est une imposition, parce que comme elle domine beaucoup de librairies libres, elle interdit à beaucoup d’informaticiens (ceux qui ne sont pas des multinationales) de vendre du logiciel.
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> Je pige pas trop la notion d'imposition. Perso, je ne me suis jamais senti contraint par quoique ce soit avec la GPL... Mais il se peut que je ne comprenne pas l'enjeu... c'est possible.
> 



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