[gull] Linus Torvald & "Open-Source"

Laurent Franceschetti laurent at franceschetti.net
Thu May 13 07:55:27 CEST 2021


Cher Frédéric,

C'est la voix (ou la voie) de la sagesse. À ce sujet, je recommanderais un livre qui a déjà vingt ans mais qui n’est pas mal: _Rebel Code: Linux and the Open Source Revolution_ (Glyn Moody, 2002).


Ce que cet auteur fait remarquer c’est que l’Open Source est une communauté, avec une dynamique interne entre les pragmatistes (come Eric Raymond) et les idéalistes (commme Richard Stallman).

Je verrais un peu un équilibre des pouvoirs entre les deux, qui est nécessaire à toute société — justement pour éviter les dérives dans un sens ou dans l’autre. Le pragmatiste qui se compromet trop devient un cynique. L’idéaliste qui en fait trop devient un fanatique.


Le BDFL de Linux doit juste mener sa barque en trouvant la route raisonnable entre les deux. Lui même n’est pas un autocrate sur tout; il a sa sphère dictatoriale bien délimitée; et pour le reste il y a un équilibre des pouvoirs dans la communauté.

Et je dirais même, une **collégialité** (« où le pouvoir de décision n'est pas exercé par un chef unique, mais par un conseil généralement restreint dont les membres possèdent des pouvoirs égaux » TLFi); laquelle est notamment « câblée » dans la philosophie distribuée de l’outil git.

Cordialement,
Laurent



> Le 13 mai 2021 à 07:35, Frédéric Dumas <f.dumas at ellis.siteparc.fr> a écrit :
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> (…)
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> Quand on lit le texte de Wojtek, relayé par Richard Stallman, on lui donne raison sur les arguments, mais on reste inconfortable sur le comportement. Il a le « zèle du converti », c’est à dire qu’il fait du prosélytisme, il veut convaincre les autres, il veut embringuer les autres dans son combat en les acculant à des situations où ils doivent prendre parti. Son moyen, c’est de souligner chaque problème, de bloquer partout où il a un argument pour bloquer, de façon à dire au monde: « regardez comme vous faites mal ». Le prosélytisme n’est pas illégitime, mais il peut être déplaisant à subir.
> 
> Je crois que c’est ce que Linus voulait souligner dans la phrase que je citais de l'interview: dans le business on a souvent intérêt à trouver des cotes mal taillées, des chemins de moindre résistance, sinon on ne gagne par d'argent, tout simplement. Être (le prosélyte du libre) aux yeux des autres (les utilisateurs de logiciels propriétaires) le témoin intransigeant de leur propres turpitudes, on provoque en réaction une certaine hostilité. Peut-être cela permet-il d’en convertir quelques-uns,  mais en pratique, on attrape rarement les mouches avec du vinaigre.
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